C’est dire qu’on ne chôme pas à la Ferme Guénin. Pendant les six mois où les brebis sont en intérieur, Bruno est auprès d’elles de 7 heures du matin jusqu’à 20h30, 7jours sur 7. Car après l’agnelage, il faut biberonner les agneaux plusieurs fois par jour. En découvrant ce matin-là qu’une brebis a mis bas un agneau mort-né, il soupire : « Même la nuit, je devrais être dans ma bergerie, mais malheureusement il faut dormir ! ». On dirait que Bruno est le père attentif de chacune de ses brebis. Le reste de l’année est consacré aux semis, à la moisson, au stockage du foin et des grains, à la tonte. Il vend sa production auprès de deux coopératives.
Son chiffre d’affaires augmente chaque année, en partie grâce aux aides publiques en faveur de l’élevage du mouton qui ont augmenté depuis 2011. Il en est très fier, mais comme il réinvestit tout dans l’exploitation, son revenu stagne entre 800 et 1000 €. Entre 1987 et 2019, il a construit près de 5000 m2 de nouveaux bâtiments et a renouvelé son parc d’engins de travail. Il se chauffe au bois qu’il coupe directement sur ses terres. De toute façon, dit-il, avec un travail qui le mobilise tous les jours de la semaine, il n’aurait guère le temps de dépenser ses sous.
Même s’il est au village depuis plus de 30 ans, Bruno est encore considéré comme un étranger. Ses meilleurs amis viennent d’ailleurs. Parfois, quand il se sent un peu fatigué, Bruno aimerait passer le relais à son fils. Il rêve d’aller passer un mois à Madagascar dans un village pour rencontrer un groupe d’éleveurs avec lesquels il est en contact sur Internet. Mais un mois, cela paraît vraiment une gageure. Même pour une semaine, ses brebis ont besoin de lui.