Comme un symbole et presque un défi, il nomme sa nouvelle exploitation YannSolo Bio, décide de vivre dans sa caravane et repense complètement sa manière de produire et de vendre. Il met en place une exploitation diversifiée en agroforesterie sur le modèle de la permaculture, comprenant des potagers en micro-surface bio, 1 hectare de parcours pour 250 poules pondeuses, et 1 hectare dédié à l’engrais vert. Son objectif est de consolider une exploitation viable et rentable dans laquelle production végétale et animale se complètent.
Il fait également le choix de commercialiser ses productions uniquement par la vente directe (marchés, vente à la ferme, plateformes web). Et ça marche ! Yannick est l’un des moteurs du collectif paysan Drivulinu, le premier système de « drive » réunissant une trentaine de producteurs responsables dans cette partie de la Corse (AOP, bio, fromage local). Le nom du collectif ne doit rien au hasard : il est composé du mot drive et du terme tragulinu qui signifie « marchand ambulant » en langue corse. Un marchand ambulant qui serait augmenté par le numérique. Un drive de producteurs permet de lancer une plateforme de vente collective en ligne, tout en ayant une logistique plus simple et moins chronophage que celle d’un magasin ou d’une AMAP, car la livraison a lieu un seul jour par semaine. La mobilisation des producteurs et des consommateurs bénévoles est donc requise uniquement ce jour-là, pour la préparation des commandes et la livraison au local de tri. C’est là que les marchandises sont regroupées et les paniers des clients constitués. La création de Drivulinu a permis la mise en place d’un dispositif logistique co-construit et mutualisé, en partie autofinancé par les commissions sur les ventes. Il a pris en 2019 une dimension régionale avec des points de vente sur Ajaccio, Bastia et la plaine orientale.
Le projet de Yannick se développe bien : en 2020, les vergers-potagers et prairies en rotation occuperont une surface de 4 hectares auxquels viendront progressivement s’ajouter 1000 poulets de chair et 400 pondeuses. Ils devraient permettre d’assurer la rémunération de deux personnes. Déjà, il s’est adjoint la collaboration d’une prestataire spécialisée dans la mise en place de verger et de potager qu’il prévoit prévoit de consolider par un plein temps dans un proche avenir. Yann n’est plus si solo dans son « jardin où l’on cultive le plaisir de vivre en paysan ».