S’il y a une chose qui caractérise la SARL du Creux, c’est bien la diversité de ses productions. Blé, orge et colza pour les céréales. Pour les fruits, fraises, abricots, cerises, prunes, pommes, poires mais aussi kiwis, nashis (ou poires japonaises), figues, coings et autres noisettes et amandes. La gamme de légumes s’étend sur toute l’année : au printemps-été, s’expriment les pommes de terre primeur, les courgettes, les concombres, les haricots, les tomates de bouche et leurs variétés anciennes (cœur de bœuf, noire de Crimée, andines cornues, etc.), mais aussi les aubergines, poivrons, oignons et salades ; en automne-hiver, ce sera le tour des blettes, céleris, fenouil, choux, rutabaga, navets, potirons, butternuts, potimarrons, épinards… C’est tout un arc-en-ciel qui éclate en mille couleurs sur le stand des marchés où les Veyret soignent la présentation de leur étal.
Car les marchés de détail sont la grande affaire qui rythme la vie de l’exploitation. Tous les légumes et 85 % des fruits sont vendus en direct sur des marchés situés dans un rayon de 150 kilomètres autour du siège, ce qui représente cinq marchés par semaine en période estivale et deux en hiver, pour une moyenne de 85 tonnes de marchandises vendues à l’année. Il faut souvent partir à 3 heures du matin pour faire la route, tout préparer avant l’ouverture et avoir encore le temps de prendre un robuste petit-déjeuner. Pourtant, Marielle et Eric ne renonceraient pour rien au monde à la vente directe de leurs produits qui allie plaisir et convivialité. Au fil du temps, beaucoup de leurs clients sont devenus des amis fidèles. Une certaine quantité de fruits et légumes sont destinés à la transformation sous forme de jus de fruits, coulis de tomates, bocaux de légumes et soupes, pour diversifier les produits proposés à la vente. Quant aux céréales, elles sont vendues à une coopérative de la région.
Cette philosophie de vie se retrouve également dans leur système de production qui n’est ni conventionnel, ni bio, mais représente une 3e voie. Une agriculture raisonnée qui recourt à un cocktail de ressources intégrées pour lutter contre les maladies et les ravageurs, tout en respectant mieux l’environnement : par exemple, l’usage de la fumure organique plutôt que chimique pour toutes les plantations, ou l’implantation de haies composées d’une multitude d’essences différentes qui fournissent abri et nourriture aux auxiliaires de culture, ou encore l’installation de nichoirs qui attirent les oiseaux. Eric utilise aussi des pièges ou des capsules à phéromones sexuelles qui perturbent certains insectes ravageurs et limitent leur accouplement. La Protection Biologique Intégrée (PBI) est très importante dans les cultures sous serres : elle consiste à effectuer des lâchers d’auxiliaires d’élevage, comme les larves de coccinelles, d’acariens ou de mouches, qui dévorent ou parasitent les ravageurs. Grâce à ces méthodes qui nécessitent une grande vigilance et maîtrise, Eric ne recourt plus aux insecticides dans ses tunnels.
Toujours souriant et tonique, Eric cultive les fruits, les légumes, les arbres, son corps à travers le sport et les relations humaines sur les marchés. C’est sans doute ainsi qu’il devient cultivateur de l’âme.