En 2019, elle s’installe sur l’exploitation familiale de 28 hectares et rachète à son père Claude 45 % des parts de la société. Depuis lors, ils travaillent et prennent les décisions ensemble. La maisonnée au sens large comprend, outre les parents de Lucie, son grand-père Jean, ancien agriculteur qui vit à proximité, David, son compagnon et soutien, Terreur, son chien, et Aglaé et Sidonie, ses deux chèvres. Des équipes viennent en renfort pour les vendanges, une période que Lucie adore car elle représente la cristallisation du travail accompli pendant toute l’année.
La production, qui correspond à environ 2000 hectolitres par an, est intégralement vendue à la cave coopérative de Condom qui la transforme et la commercialise. Cette cave fait partie de Plaimont Producteurs, Union de caves coopératives qui défend l’âme de la Gascogne, à travers des appellations comme Saint Mont, Madiran ou Pacherenc. Lucie y travaille comme commerciale à mi-temps pour l’hôtellerie-restauration, ce qui lui permet de compléter son revenu mais surtout de défendre directement une partie de sa production. Une cohérence qu’elle trouve très motivante.
Les Domert pratiquent une agriculture raisonnée et sont engagés dans une démarche HVE (Haute Valeur Environnementale). Cela implique le respect de la biodiversité des terres, la réduction d’utilisation de produits phytosanitaires et de fertilisants. Des panneaux récupérateurs permettent de traiter les vignes en économisant près de 40 % de la fameuse « bouillie bordelaise », ce fongicide utilisé contre le mildiou, qu’ils complètent par des produits de biocontrôle. Des couverts végétaux hivernaux seront broyés au printemps pour apporter de l’azote à la vigne. « Nous avons fait un essai cette année, en plantant, sous le rang d’une parcelle de raisins rouges, du trèfle qui permettrait d’étouffer toute espèce indigène. » Pour les parcelles de raisins blancs, dominantes sur l’exploitation, les Domert vont prochainement acquérir un intercep, cette machine qui permet de désherber l’espace entre les ceps d’une vigne. Ces deux méthodes permettront à terme de ne plus utiliser de désherbant. Lucie milite pour transformer les pratiques petit à petit et n’exclut pas un jour de valoriser sa production en agriculture biologique. En attendant, elle s’enthousiasme pour tous les aspects de son métier, de la taille de la vigne à la machine à vendanger qu’elle va bientôt apprendre à conduire, en gardant en ligne de mire sa passion pour la terre et son éthique de l’environnement.