Avec son équipe de quatre salariés à plein temps renforcée par des saisonniers, il en récolte environ 150 tonnes par an à destination de grossistes et semi-grossistes. Depuis l’Antiquité, l’huître fait rêver : les Grecs lui attribuaient des vertus aphrodisiaques, mais elle était également un symbole de la démocratie, puisque sa coquille servait de bulletin de vote à Athènes pour désigner qui serait banni de la cité. C’est de ostrakon, la coquille, que dérivera le mot « ostracisme », qui consiste à exclure d’une communauté. Tout le contraire de la personnalité d’Yves-Marie et de l’ambiance inclusive et joyeuse qui règne à la ferme, même si le travail reste très physique, quand il faut par exemple déplacer à toute vitesse les huîtres parce qu’une tempête s’annonce.
Amoureux de son lieu de vie, Yves-Marie est un « passeur » et un créateur de rencontres. Pratiquant le trampoline et les arts circassiens, il a créé l’association Cirque et mer qui vise à créer des ponts entre les professionnels de la mer et les artistes, et organise chaque année un festival. Il donne aussi des cours de boxe amateur. Capable de déplacer des montagnes, il témoigne d’une infatigable énergie, et c’est aussi un perfectionniste. Il y a deux ans, il a investi près de 120 000 euros dans une nouvelle ligne de calibrage automatisée, mais connu aussi quelques déboires, du fait du changement climatique qui affecte le calibre des huîtres et du mouvement des gilets jaunes qui a empêché certaines livraisons d’arriver à bon port. Cependant, le chiffre d’affaires reste tendanciellement à la hausse, ce qui maintient l’optimisme.
Quand Yves-Marie se tourne vers l’horizon, entouré de ses chiens, résonne alors le vers de Baudelaire : « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! ».